76 – Histoire du Cercle

Comme le veut un axiome universel, il n’est rien qui incite plus à méfaire que de se voir interdire de faire quelque chose. Hélas, la Chantrie de l’Ère des Divines semblait avoir quelques problèmes à saisir ce concept : sans pour autant bannir la magie – bien au contraire, car elle en avait besoin pour entretenir la flamme éternelle qui brûle dans chaque chantrie – elle relégua les mages au rang d’allumeurs de bougies et de lampes, voire au besoin nettoyeurs de chevrons et de gouttières.

J’invite dès à présent mes lecteurs à considérer l’attitude des mages investis d’un tel rôle.

À la non-surprise générale, donc, les mages de Val Royeaux soufflèrent les flammes sacrées de la cathédrale et se barricadèrent dans le jubé ; générale, sauf pour Divine Ambroisie II qui, outrée, voulut ordonner une Marche exaltée sur sa propre cathédrale. Même les plus dévots de ses templiers l’en découragèrent. 21 jours durant, les feux restèrent éteints tandis que les négociations suivaient leur cours, à en croire la légende, à grands cris de part et d’autre du jubé.

Les mages consentirent de bon cœur à s’exiler dans une lointaine forteresse hors de la capitale, où ils vivraient sous la vigilance des templiers ainsi que d’un conseil de leurs propres doyens. En marge de la société normale, en marge de la Chantrie, les mages formeraient leur propre société fermée, le Cercle, séparés pour la première fois de l’Histoire humaine.

— Extrait de « Des feux, des Cercles et des templiers : Histoire de la magie dans la Chantrie » de sœur Pétrine, érudite chantriste.

La Couronne de Cuivre