70 – La Chantrie impériale

D’aucuns prétendent que la Chantrie est pareille ailleurs qu’ici, que la Divine de Val Royeaux règne sans partage aux yeux du Créateur et que nul en Thédas n’en a jamais douté.

Ne les croyez pas.

« La magie doit servir l’homme, et non l’asservir » : ce deuxième commandement du Créateur n’a jamais revêtu le même sens dans l’ancien Empire tévintide que dans le reste du monde. Pour la Chantrie locale, il fallait comprendre que les mages ne doivent pas contrôler l’esprit d’autrui et s’efforcer en toute chose de mettre leur magie au service des souverains. Lorsque les prêtresses tévintides modifièrent le Cantique de la Lumière pour refléter cette interprétation du commandement, la Divine de Val Royeaux leur ordonna de s’en tenir au Cantique d’origine. Elles refusèrent, prétextant la déchéance de Val Royeaux ; en l’an 4:87 des tours, après une escalade constante du conflit, la Chantrie tévintide élut à sa tête un dirigeant « légitime et non corrompu », un homme et de surcroît l’un des membres les plus influents du Cercle des mages tévintide : le Divin Valhail. Inutile de dire que la simple existence de ce « Divin noir » passa pour un blasphème hors des frontières de Tévinter.

Après quatre Marches exaltées pour venir à bout de ces « rebelles », la Chantrie de Val Royeaux n’était parvenue qu’à entériner la séparation. Si les préceptes de la Chantrie impériale sont identiques dans les grandes lignes à ceux de la Chantrie traditionnelle, ils répriment moins la magie et cautionne les prêtres masculins. C’est aujourd’hui le Cercle des mages qui gouverne directement Tévinter, depuis qu’en 7:34 des tempêtes, l’archonte Nomaran fut élu directement parmi les rangs des enchanteurs, sous un tonnerre d’applaudissements de la populace, et ce malgré les anciennes règles qui interdisaient aux mages de se mêler de politique. En l’espace d’un siècle, les véritables souverains des diverses maisons impériales – les mages – assumaient leur place ouvertement au sein du gouvernement. Le Divin impérial continue à être nommé parmi les Premiers enchanteurs et endosse le double manteau de Divin et de Grand enchanteur.

Aux yeux de tout chantriste non tévintide, c’est là une suprême hérésie, un retour à l’ère des inquisiteurs qui nous a valu les Enclins. Mais le fait est que l’Empire tévintide, laissé à la merci des terribles Qunari, est parvenu à survivre. Tôt ou tard, les hostilités reprendront entre le Divin noir et la prétendue « Divine blanche ».

— Extrait des « Édits du Divin noir » de père David le Qarinien, 8:11 des bontés.

La Couronne de Cuivre