53 – Dirthamen, gardien des secrets

Les jumeaux Falon’Din et Dirthamen sont les aînés d’Elgar’nan notre Père à tous et de Mythal le protecteur. Inséparables dès leur conception, ces frères se témoignèrent toujours un amour incommensurable. Pour cette raison, nous parlons souvent de Falon’Din un instant et de Dirthamen le suivant, car ils ne sauraient être séparés même en contes.

Quand le monde était jeune, les dieux arpentaient souvent la terre, Falon’Din et Dirthamen parmi eux. Tous deux étaient enchantés par les nombreuses merveilles de ses contrées. Ils jouaient avec les animaux, murmuraient aux arbres, se baignaient dans les lacs et les cours d’eau. Leur quotidien n’était que jouissance, dépourvu de peine.

Puis vint un jour où, de passage en forêt, Falon’Din et Dirthamen rencontrèrent un vieux cerf chétif affalé sous un arbre. « Pourquoi restes-tu là sans bouger, petit frère ? » lui demanda Falon’Din.

« Viens jouer avec nous » ajouta Dirthamen.

« Hélas, » répondit le cerf, « je ne puis. Je suis vieux ; j’ai beau vouloir rejoindre le repos, mes jambes ne peuvent m’y porter. »

Apitoyé par le cerf, Falon’Din le prit contre son giron et l’emporta vers son repos outre-Voile. Dirthamen tenta de les suivre, mais les sentiers gris et sinueux se dérobaient à ses pas. Pour la première fois séparé de Falon’Din, Dirthamen erra, désemparé, jusqu’à rencontrer deux corbeaux.

« Tu es perdu, et bientôt tu disparaîtras » lança le corbeau nommé Peur.

« Ton frère t’a abandonné, il ne t’aime plus » renchérit son compère, Duperie.

« Je ne suis pas perdu et Falon’Din ne m’a pas abandonné » répliqua Dirthamen. Il soumit les corbeaux et les força à le porter jusqu’à Falon’Din, ce qu’ils firent, car il les avait vaincus et ils devaient désormais le servir.

Quand Dirthamen retrouva Falon’Din, il revit également le cerf, à nouveau vif et joyeux car son esprit avait été libéré de son corps las. Falon’Din et Dirthamen s’en réjouirent. L’un fit le serment de rester emporter les morts dans l’Après ; et l’autre resta à ses côtés, car les jumeaux ne sauraient être séparés.

— D’après le « Dit de Falon’Din et Dirthamen », selon la tradition orale de Gisharel, Archiviste du clan dalatien Ralafeïrin.

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