243 – Coitus Epistolaris

Un assortiment de missives personnelles et gênantes entre les riches et l’objet de leur obsession.

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Mon cher Réginald,

Un feu me dévore de l’intérieur quand je pense à vous. Si notre amour est voué à continuer, veuillez donc utiliser l’onguent ci-joint.

— Sarie

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À Wareth Vaingal,

Âge, race, taille ; ces différences importent peut-être aux autres, mais pas à moi. Toutefois, choisir un casque assorti à ma tunique pour le plaisir de m’acoquiner avec vos nouvelles « sœurs du silence » m’a valu une attention dont je me serais bien passée. Je ne souffrirai plus votre compagnie.

— Alisson Hautmont

(Griffonné dessous)

Ça va me manquer de castagner avec ces drôlesses.

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L’affaire est délicate.

L’idée de jouir de vous ne laisse pas de me combler d’aise, mais l’arrivée impromptue d’un fâcheux m’oblige à vous demander de quitter mon domaine par la poterne pour éviter de ternir nos réputations à tous deux.

— « M »

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Mademoiselle Ambrose,

Après avoir attendri le morceau d’un coup de main savant facilité par une généreuse dose de lubrifiant, je le larde et le farcis à loisir avant de l’arroser de mon incomparable jus.

Je dois vous avouer ma perplexité quant à vos questions, mais loin de moi l’idée de remettre en question les lectures nocturnes de mes clientes. Dois-je vous remettre trois livres de saucisse pour la semaine prochaine ?

Bien à vous,

— Bliller le boucher

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Très cher,

À notre prochaine rencontre, je serais fort aise que vous conserviez votre chapeau. Voire vos bottes. Ainsi que vos trousses et votre chemise. Je vous faciliterai d’ailleurs la tâche en verrouillant ma porte et en postant un garde à l’extérieur. Me suis-je fait comprendre ?

— « X »

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Mon elfidée,

L’herboriste m’a conseillé de la corne de bronto en poudre. J’ai été très discret.

— Ton tournesol

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Corloas,

Ostensiblement, vos manœuvres
Ne sauraient être tolérées plus longtemps
Tenez-vous donc pour averti
importun que vous êtes
Ne voyez en moi qu’une chose :
une amie, jamais plus.

— Elisa

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Gourgandine que vous êtes ! Jamais je n’ai enduré pareille bestialité, pareille dépravation ! Nul être raisonnable ne pourrait insuffler tant de lubricité au moindre de ses mots !

Ma dame, je vous aime.

–Ser Augold

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Ma très chère Virginia Cauderoy,
Sujet : déchirure d’un corsage

Veuillez trouver ci-joint sept pièces d’argent accompagnées de mes plus plates excuses pour ledit corsage. Je ne sais s’il faut en blâmer la brise marine dans mes cheveux, la perte de ma chemise favorite, les ruades de l’étalon ou peut- être l’effort de maintenir tous ces éléments tout en conservant la pose pour le portrait, mais une chose est sûre : je n’étais pas moi-même. J’espère que vous voudrez bien me pardonner et que vous ne chercherez pas pour autant à faire cavalière seule.

Bien à vous,

— Ser Rival Grouseman

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Estimé ser Jon,

Vos soins, quoique partant d’un bon sentiment, ne me comblent pas. N’en prenez pas ombrage car c’est ma faute et non la vôtre. Il me faut un temps pour me faire au personnage que vous avez éveillé. Je ne doute pas que nous puissions néanmoins maintenir des relations cordiales et que nos connaissances mutuelles n’en souffriront pas.

— « K »

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À notre maîtresse,

Lors de notre dernier baisement, nous remarquâmes la fragrance d’un tiers messéant, mais peu nous en chalait.

— Son Eminence ser Fether Hapsmith Osvald III

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Mon aimée,

Je me languis de danser avec vous à la lueur de la Lune, nos cœurs à l’unisson tels les deux ailes d’une colombe, de concert avec la gloire du Créateur et la beauté du monde que nous gardons en son absence. Unissons-nous au sein d’une pureté qui défiera les ères, lorsque nos frères célébreront à nouveau le Cantique de la Lumière.

De toute mon âme,

— Erec Denolven

(Écrit à la suite d’une main délicate)

Corne de bouc ! Comme il en frétille !

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La Couronne de Cuivre