226 – Le journal de Sophia Dryden

21 Eluviesta :

C’en est fait. Les nobles se sont ralliés à Arland, ce monstre d’arrogance à peine sorti de l’enfance. Ce même Arland qui n’a marché qu’à l’issue de sa cinquième année et qu’on a dû arracher au sein de sa nourrice il y a deux ans tout juste. Les tierns et les iarls le jugent simple d’esprit et aisément manipulable. Mais j’ai aperçu un éclat dans son regard qui me glace d’effroi.

10 Molioris :

J’ai assisté aux parades des Chavandes depuis ma cellule à Fort Drakan. Le régent m’a jetée aux fers sous le chef de trahison, mais je ne suis coupable que d’être loyale à ma patrie et à mon cœur. Le don de ma chevalière a sans difficulté délié la langue de mon geôlier, et j’apprends que les banns militent contre mon exécution. Je prie pour mon salut, mais la potence me paraît désormais chose certaine.

2 Ferventis :

Ce breuvage avait l’amertume de l’enfer, mais j’y ai survécu. Que ne m’ont-ils pas donné une mort digne ! J’aurais péri en femme de la noblesse, en véritable Dryden, plutôt que de vivre cette existence dépouillée du moindre sens !

19 Matrinalis :

Il suffit. Le temps des lamentations est révolu. La mort aurait été une issue facile, mais le destin en a décidé autrement. Je suis en vie, et je me dois de saisir cette chance. Les Gardes des ombres sont une armée, et leur commandeur n’est plus que l’ombre de l’homme qui était. Je m’attacherai la loyauté des Gardes, et Arland maudira le jour où il m’a épargnée.

— Extraits choisis du journal du commandeur-garde Sophia Dryden.

La Couronne de Cuivre