206 – Dane et le loup-garou

Tendez l’oreille, amis, écoutez mon histoire,
L’infortuné destin, le sort ô combien noir
D’un héros nommé Dane, un chasseur qui sans peine,
Provoquait la terreur des bois de Férelden.

Or donc il découvrit, un matin en forêt,
Un cerf immaculé qui le soleil prenait,
Beau trophée pour la lance qui saurait le poindre.
La poursuite s’engage, une fuite éperdue
Enfin le cerf s’écroule en un bosquet perdu,
Mais l’acte a attiré un hôte et non des moindres :
Un garou, créature à l’esprit d’un humain,
Qui s’en vient réclamer par cet obscur chemin
Notre cerf, s’estimant roi de cette forêt,
Appâté, capiteux, par l’odeur du sang frais.

Les deux maîtres chasseurs se guettent sans mot dire.
Dane, armé de sa lance, reste sans coup férir :
Face au terrible loup, le chasseur devient proie,
Sait qu’il n’a d’autre issue que mourir en ces bois.
Lors s’exclame le loup, d’une voix revancharde :
« Tu as volé ce cerf à mes bois et ma harde,
Tu nous dois maintenant juste réparation. »

La meute entoure Dane, s’en approche à pas lourds
Et lui qui de sa lame a occis à foison
Entend avec effroi dans leurs grognements sourds
Son nom distinctement prononcé, puis ces mots :
« En ce lieu tu mourras, parmi les animaux
À moins que tu ne veuilles endosser mon pelage
Tandis que je prendrai ta place en ton village. »

Ainsi donc se conclut ce sinistre contrat
Et Dane le garou devint hôte des bois,
Alors que son bourreau trônait en sa demeure.
Mais il est des marchés que l’on ne peut défaire ;
Qui ose faire un pacte en concédant son cœur
Ne pourra plus freiner sa descente aux enfers.

— Tiré de la saga « Dane et le loup-garou », recueillie par Uccam le ménestrel, 4:85 des ténèbres.

La Couronne de Cuivre