205 – La geste d’Iloren

Durant les jours qui suivirent l’avènement de Zazikel, les créatures des ténèbres recouvrirent la totalité de la contrée. Toutes les nations du monde, shemlens comme elvhenan, ployaient devant l’archidémon.

Dans le nord lointain, où les collines arpentent les plaines et la terre subit constamment les affres d’un soleil indifférent, ces terres que les shemlens appellent Anderfels, demeurait un de nos clans, survivant à grand-peine à l’Enclin.

Iloren était leur Archiviste. Chasseur de son jeune temps, rusé comme un loup, il avait toujours une longueur d’avance sur les engeances qui traquaient son peuple. Mais le vieux chasseur ne le savait que trop : même les hahl ne peuvent courir indéfiniment. Il leur faudrait faire front sous peine d’être rattrapés.

Au pied du mont Mardain, les engeances acculèrent le clan d’Iloren. Cette nuit-là, la Lune était étranglée par les nuages, la terre recouverte d’une épaisse brume sortie de nulle part, si bien que les Elvhenan ne pouvaient distinguer le haut du bas. C’est dans cette confusion que les engeances passèrent à l’assaut.

Mais Iloren s’était préparé à les recevoir. Tout autour du camp, les chasseurs avaient disposé herbes sèches, broussailles et ronces. Lorsque retentirent les premiers bruits de pas, Iloren et les autres hahrens invoquèrent les anciens arcanes. Leurs éclairs n’atteignirent pas les engeances, mais ils touchèrent néanmoins leur cible : l’océan de petit bois s’embrasa et pas une des créatures ténébreuses ne parvint jusqu’au clan d’Iloren.

— Tiré de la « Geste d’Iloren », écrite par Zathrian selon les récits oraux transmis d’un Archiviste à l’autre depuis des générations.

La Couronne de Cuivre