201 – Histoire de la Chantrie – chapitre premier

Le premier Enclin dévasta l’Empire tévintide. Non seulement les engeances avaient ravagé la contrée, mais les citoyens de Tévinter devaient aussi se rendre à l’évidence : leurs dieux s’étaient ligués contre eux. Dumat, l’Ancien dieu jadis nommé dragon du silence, était apparu pour faire taire le monde ; et malgré toutes leurs suppliques, les autres Anciens dieux n’étaient pas intervenus. Les Tévintides remirent leur foi en question à grand renfort d’assassinat de prêtres et d’incendies de temples pour punir leurs dieux de ne pas avoir volé à leur secours.

En ces temps, même après la désolation semée par le premier Enclin, l’Empire s’étendait à travers tout le monde connu. Bordé de tribus barbares, il était bien préparé aux invasions et attaques de l’extérieur. Ironie du sort, c’est en son sein même qu’apparut la raison de sa perte.

Les peuplades des marches septentrionales et orientales de l’Empire s’étaient soulevées contre leurs puissants seigneurs ; aussi les inquisiteurs tévintides invoquèrent-ils des démons pour mater ces insurrections mineures, laissant des cadavres calcinés pour dissuader toute velléité de révolte ultérieure. C’est alors que l’Empire commença à se désagréger de l’intérieur : où les siècles et les armées adverses s’étaient révélés impuissants, des meutes de citoyens furieux et désespérés avaient réussi. Mais les inquisiteurs avaient foi en leurs pouvoirs et ne pouvaient imaginer avoir survécu à un Enclin pour se voir défaits par leurs propres sujets.

Même après l’Enclin, Tévinter commandait la plus grande armée de tout Thédas, mais celle-ci était morcelée, le moral en berne. Voyant la faiblesse de leur ennemi, les barbares alamarri qui s’étaient étendus à travers toutes les terres sauvages de Férelden, à l’extrême sud de l’Empire, entreprirent non seulement de s’affranchir du joug tévintide, mais aussi de faire tomber leur oppresseur.

Les instigateurs de cette sainte campagne furent Maférath, grand chef de guerre barbare, et sa femme, Andrasté. Leurs rêves et ambitions changeraient à jamais la face du monde.

— Tiré de « Ainsi tomba Thédas » de frère Génitivi, érudit chantriste.

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