199 – La légende de Calenhad – chapitre troisième

Selon la légende de Calenhad, dame Shayna nourrissait envers son roi un amour qui dépassait l’amitié, un amour qu’elle avait tu par devoir et honneur. Lorsqu’une sorcière déguisée lui offrit un philtre d’amour – sorcière qui se révéla être la sœur du iarl Simeon, avide de vengeance – dame Shayna céda à la tentation. Elle fit consommer le philtre à Calenhad ; cette nuit-là, la reine Mairyn surprit le couple et, le cœur brisé, quitta Dénérim pour retourner auprès de son père. Elle révéla tout à Myrddin qui, furieux, menaça de révoquer son soutien à Calenhad et de reprendre la guerre civile.

Il est dit que dame Shayna, prise de remords d’avoir manipulé le cœur de son meilleur ami, avoua à la cour avoir utilisé les arcanes interdits. Malgré ces actes passibles de mort, Calenhad donna son pardon à dame Shayna et s’opposa à son exécution. Ivre de colère, Myrddin rallia les autres iarls contre Calenhad et dame Shayna ; bientôt, Férelden était une fois encore au bord de la guerre civile.

À l’encontre des ordres de Calenhad, dame Shayna alla seule auprès de Mairyn pour plaider en faveur de la paix et du pardon : elle ne fit qu’échouer devant Myrddin et mourir de sa main. Furieux et endeuillé, Calenhad défia Myrddin dans un duel d’honneur, combat que ni l’un ni l’autre ne souhaitait mais que tous deux savaient inéluctable, et Myrddin tomba. La mort du plus grand allié du roi, iarl d’importance, porta un coup fatal au jeune royaume. Les autres iarls refusèrent de revenir sur leur position contre Calenhad. Une fois encore planait la menace de la guerre civile. Calenhad retourna alors une dernière fois auprès de sa femme ; ce qu’il lui dit, nul ne le sait. Puis il disparut purement et simplement. Il laissa à Mairyn la proclamation de son abdication en faveur du fils que sa femme portait en son ventre : le futur roi Weylan I, celui- là même qui établit la dynastie des Theirin, encore existante aujourd’hui. Quant à Calenhad, jamais il ne réapparut.

Le temps ne fit que glorifier la légende de Calenhad ; récits et rapports prétendus de ses apparitions se multipliaient longtemps encore après son siècle. Pour certains, il avait disparu dans les terres sauvages de Korcari ; pour d’autres, il était parti vivre avec les nains ; pour d’autres encore, il s’était fait moine au sein d’un ordre chantriste reclus. La Chantrie entérina sa canonisation en 7:88 des tempêtes. Némétos, son épée, resta en la possession de Mairyn et devint le symbole de la royauté féreldienne par-delà la fin de siècle. Il se murmurait qu’elle était investie de pouvoirs magiques. Lorsqu’elle disparut durant l’embuscade qui coûta la vie au roi Vénédrin en 8:24 des bontés, la lignée des Theirin essuya une sévère disgrâce. Depuis, plusieurs épées contrefaites sont apparues, mais jamais l’originale n’a refait surface.

— Tiré de la « Légende de Calenhad » de frère Herren, scribe chantriste, 8:10 des bontés.

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