150 – Par Vollen : le septentrion occupé

En l’an 30 de l’Ère de l’acier, l’on aperçut les premiers voiles qunari au large de la côte de Par Vollen, dans le grand septentrion. C’était le début d’une nouvelle ère guerrière.

L’Histoire nomme cette période Première guerre qunari, mais c’était plutôt un bain de sang déséquilibré, une avancée ennemie impitoyable jusqu’en plein cœur du continent. Les guerriers qunari, ceints d’une armure d’acier rutilante, fendaient les armées sans mal. Leurs canons, sans commune mesure, éventraient les murs des cités en l’espace de quelques secondes.

Les récits de l’occupation qunari sont très contradictoires. On dit qu’ils démantelaient les familles et envoyaient les captifs dans des « camps d’apprentissage » où ils étaient endoctrinés et convertis à leur religion. Ceux qui refusaient de coopérer disparaissaient dans les mines ou les camps de construction.

Mais pour chaque récit de souffrance, il en est un d’édification tirée du « Qun », code philosophique ou peut-être écrit qui régit tous les aspects de la vie qunari, sinon les deux. Un Séhéran affirma ainsi éprouver de la pitié pour qui refusait d’adopter le Qun, comme si ses conquérants l’avaient conduit à quelque illumination personnelle. « De toute ma vie, j’ai suivi le Créateur où son chemin me portait » écrivait-il, « mais c’est dans le Qun que j’ai trouvé le moyen de suivre ma propre voie. »

On dit que la meilleure arme pour exterminer un peuple n’est pas une épée, mais un livre. Par chance, un monde qui avait repoussé quatre Enclins ne courberait pas facilement l’échine devant un assaillant étranger. Ainsi commencèrent les Marches exaltées.

Les forces chantristes avaient pour plus grand avantage le Cercle des mages. En dépit de toute leur technologie, les Qunari semblaient vouer une haine farouche envers la magie. Face aux canons, la Chantrie riposta à coups d’éclairs et de boules de feu.

Les armées qunari ne disposaient pas des effectifs de l’humanité. La bataille de Marnus Pell fit tant de morts de part et d’autre que l’on dit le Voile irrémédiablement déchiré, les ruines toujours infestées de cadavres ambulants. Mais chaque année, la Chantrie enfonçait peu à peu les lignes qunari ; hélas, les habitants du cru convertis au Qun se montrèrent réticents à retourner aux préceptes d’Andrasté.

Ce fut au sortir de l’Ère des tempêtes que l’on parvint à repousser véritablement les Qunari. Le Riveïn était la seule contrée humaine à conserver la religion qunari après sa libération, et ses souverains tentèrent de négocier un accord de paix. La plupart des terres humaines signèrent l’Édit de Llomerryn à l’exception de l’Empire tévintide. Il en résulta une paix fragile qui s’est maintenue jusqu’à ce jour.

— Tiré des « Marches exaltées : examen militaires des méthodes chantristes » de sœur Pétrine, érudite chantriste.

La Couronne de Cuivre