140 – La Légion des morts

« Avec nous, amis de la Pierre,
Combattons ensemble et sans trêve
Dans la Légion des morts. »

— Devise de la Légion des morts.

La Légion accepte tout un chacun. C’est du moins ce que m’affirma l’un des légionnaires, un nain qui attendait patiemment à l’entrée des Tréfonds que le reste de son unité le rejoignît. Ils se rassemblèrent peu à peu, tous équipés d’une armure lourde et d’armes de qualité, le visage orné de tatouages macabres qui leur avaient été appliqués la veille, lors de leurs funérailles.

Car comme son nom l’indique, la Légion ne compte que des morts. Tout nain peut s’y enrôler à la seule condition d’être disposé à abandonner tout ce qu’il possède. Les rites funéraires, dernier adieu à sa famille et ses proches, sont sinistres : l’on y répartit les biens du défunt entre les héritiers, le défunt prononce ses dernières paroles puis c’est terminé : le nouveau légionnaire s’engouffre dans les Tréfonds pour ne plus jamais en ressortir. La Légion combat les engeances jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à venir à bout des monstres qui ont dépossédé les nains de leurs terres.

Parmi ceux qui rejoignent la Légion, bon nombre cherchent à repartir à zéro : les criminels, pour échapper à leur châtiment ; les déshonorés, pour que leur maison et leur famille ne pâtissent pas de leur faute ; les ruinés, pour éponger leurs dettes. Quelques-uns, très peu, s’enrôlent pour mourir glorieusement, mais la Légion les accepte tout autant.

Ce groupe a pour ambition d’atteindre la mythique forteresse de Bownammar, jadis foyer de la Légion, associée au plus grand de leurs Hauts. La perte de ce lieu saint est le dernier affront fait aux royaumes nains ; sa reconquête serait un symbole fort pour tout Orzammar. Quoi qu’il en soit, tous ces guerriers mourront dans les Tréfonds. La perspective a de quoi méduser, et je sais à présent pourquoi les nains disent que le spectacle le plus terrifiant d’un combat est la charge de la Légion. Ils n’ont rien à perdre.

— Tiré de « Entre nains et pierre » de frère Génitivi, érudit chantriste.

La Couronne de Cuivre