134 – Les nains parias

Le système de castes d’Orzammar comprend de nombreux privilégiés : nobles et guerriers avant tout, mais aussi à un moindre degré marchands, forgerons et mineurs. La tradition dicte une hiérarchie évidente. Or toute culture ayant ses nantis comporte également des défavorisés ; ces miséreux, appelés « parias », sont dits être les descendants des criminels et autres indésirables, ce qui leur vaut un mépris unanime. Ils se sont installés dans un endroit nommé « les Taudis », un quartier pouilleux en périphérie des zones communes d’Orzammar.

Dans la société d’Orzammar, les parias sont plus bas encore que la caste des serviteurs (les parias ne sont d’ailleurs pas jugés assez honorables pour devenir serviteurs). Pour signifier que ces enfants bâtards ne valent guère mieux que des animaux, on leur marque le visage à la naissance. Dans leur quartier, dont le nom de Taudis n’est pas usurpé, le crime prolifère, organisé ou non. Les gardes d’Orzammar ne semblent pas daigner en patrouiller les rues. Le destin le plus enviable qu’un paria peut espérer est de vivre au service d’un seigneur du crime local, quitte un jour à mourir d’une mort violente ou d’un abus de bière au lichen toxique.

Néanmoins, un maigre espoir subsiste, une échappatoire sous forme d’ascension sociale. La caste d’un nain est déterminée par celle de son parent de même sexe ; ainsi, le fils d’un noble naît noble lui aussi. Étrangement, les femmes parias sont autorisées à pratiquer les arts de l’amour courtois afin de courtiser nobles et guerriers : on les appelle « coureuses de nobles ». Tout garçon né de cette union représente un heureux événement, compte tenu de la médiocre fertilité des nains. La mère et toute sa famille sont logées parmi la maison du père, sans pour autant être promues à sa caste. Les femmes parias qui se livrent à cette activité portent même un nom : « coureuses de nobles ».

Les nains tels que nous les connaissons à la surface passent aussi pour parias dès leur départ d’Orzammar, ce qui n’importe toutefois qu’à ceux qui reviennent… si tant est qu’on les autorise à revenir. Les nains qui partent en surface, ou « surfaciens », perdent leur affinité avec la Pierre et la faveur de leurs ancêtres ; aussi ne méritent-ils guère que pitié, car il est dit qu’ils ne rejoignent pas la Pierre à leur mort. Triste existence en vérité, vue sous cet angle.

— Tiré de « Entre nains et pierre » de frère Génitivi, érudit chantriste.

La Couronne de Cuivre