123 – Politique féreldienne

Pour nos voisins, Férelden semble être une terre de chaos. Contrairement aux autres monarchies, en effet, le pouvoir n’émane pas du trône, mais du soutien des propriétaires terriens.

Chaque propriétaire choisit le bann ou le iarl auquel il jure allégeance. En règle générale, ce choix se fait en fonction de la proximité des terres avec le château du seigneur : tant qu’à payer les frais d’entretien d’une armée, autant faire en sorte qu’elle arrive à temps en cas de besoin. Pour l’essentiel, chaque génération de propriétaires choisit le même bann que son père, mais il peut arriver que ce ne soit pas le cas. L’allégeance n’est que tacite et certains banns, en particulier dans les fiefs centraux, n’hésitent pas à faire des avances aux propriétaires de leurs voisins, ce qui engendre invariablement des conflits séculaires.

Les banns ont donné naissance aux tierns, des chefs de guerre qui, dans l’antiquité, avaient acquis suffisamment d’influence pour pousser d’autres banns à leur jurer fidélité. Les tierns étaient nombreux avant l’avènement du roi Calenhad, mais ce dernier parvint à ne plus en conserver que deux : Gwaren au sud, Hautecime au nord. Ces tierns sont toujours les suzerains de banns et iarls dont ils peuvent exiger l’aide en temps de guerre ou de désastre ; en retour, les tierns sont toujours tenus de défendre leurs féaux.

Nommés par les tierns, les iarls supervisent en leur nom la défense d’une forteresse stratégique. Contrairement aux tierns, les iarls n’ont l’allégeance d’aucun bann : il s’agit simplement de banns qui jouissent d’un prestige plus important.

Le roi est, en théorie, le plus puissant des tierns. Dénérim était à l’origine le tiernir du roi, mais elle a depuis acquis un statut de simple comté, puisque le domaine du roi est à présent Férelden tout entier. Toutefois, même le pouvoir du roi est tributaire des banns. Il suffit pour s’en convaincre d’assister à un Conclave, conseil qui rassemble tous les nobles de Férelden et qui s’est tenu chaque année sans discontinuer depuis près de trois mille ans, hormis quelques rares interruptions pour cause d’Enclin ou d’invasion. La vue d’un roi qui sollicite l’appui de ses féaux – et déploie des efforts en ce sens – ne laisse pas d’interloquer les ambassadeurs étrangers.

— Tiré de « Férelden : folklore et Histoire » de sœur Pétrine, érudite chantriste.

La Couronne de Cuivre