48 – L’épée de l’essor

En 8:84 des bontés, le seigneur Aurélien de Montsimmard, champion du Grand tournoi d’Ansburg, fit forger une épée pour Louis, son benjamin, qui aspirait à devenir berruier. Convaincu que seule une épée exceptionnelle conviendrait à son enfant, le seigneur Aurélien fit appel au maître forgeron le plus renommé de l’Empire orlésien, Vercenne d’Halamshiral, âgé alors de près de quatre-vingts ans. Malgré ses suppliques, l’artisan refusa : sa vue lui faisait défaut et il ne souhaitait nullement abandonner sa retraite. Aurélien lui proposa alors une somme exorbitante qui finit par avoir raison de sa réticence.

Plusieurs mois durant, le vieux maître travailla à plier l’acier, à affûter la lame à la perfection. Il en résulta une épée de la taille d’un homme, tranchante comme la langue d’une femme noble. Vercenne proclama qu’il s’agissait de son chef-d’œuvre et, par ironie, la baptisa « épée de l’essor », puisqu’il l’avait forgée sur son déclin.

Le seigneur Aurélien amena Louis avec lui pour qu’il reçût l’épée des mains du vieux maître. Lorsque l’enfant vit l’épée de l’essor, il refusa le cadeau avec dédain : pareilles épées à deux mains n’étaient plus en vogue à la cour, c’était une rapière qu’il voulait. Aurélien, mortifié, intima à Louis de porter l’épée et présenter ses excuses à Vercenne, mais en vain. Le forgeron maudit alors l’enfant en lançant que pour punir son orgueil, il connaîtrait une triste fin, quelle que fût son épée.

Louis finit par être adoubé et rejoignit les rangs des berruiers. En 8:98 des bontés, il reçut le commandement des berruiers de Dénérim. C’était là l’occasion de se forger une réputation, et c’est ce qui advint : sa dépravation en fit le berruier le plus détesté de Férelden. En 9:1 du dragon, il affronta Loghain Mac Tir à Avinash. Louis perdit sa rapière au début de la bataille, se retrouva isolé de ses hommes et dut faire face à Loghain en personne, armé seulement de l’épée de l’essor, qu’il n’avait encore jamais maniée. Peut- être l’entraînement l’aurait-il sauvé, mais il péchait par orgueil. Loghain eut raison sans mal de ce berruier insolent et prit en guise de trophée son épée à deux mains.

La Couronne de Cuivre