62 – Andrasté, Compagne du Créateur

Jadis existait sur la côte de la Mer d’écume un minuscule village de pêcheurs dont l’Empire tévintide réduisit les habitants en esclavage et les vendit sur les marchés de Minrathie, en n’épargnant que vieillards et infirmes. Parmi les captifs, la jeune enfant Andrasté.

Elle grandit donc esclave en une contrée lointaine, puis un jour parvint à s’échapper et entreprit seule le long et périlleux voyage pour retourner en sa terre natale. D’esclave, elle devint femme d’un seigneur alamarri.

Chaque jour, elle élevait aux dieux un chant pour les implorer d’aider les siens, restés esclaves à Tévinter. Les faux dieux des montagnes et des vents ne daignaient pas lui répondre, mais le dieu véritable vint à elle.

Le Créateur parla. Il lui montra tout ce qu’Il avait fabriqué de Sa main : l’Immatériel et le monde et toutes les créatures qui les peuplaient. Il lui fit voir que les hommes L’avaient oublié, qu’ils adoraient idoles muettes et démons, et qu’Il les avait abandonnés à leur sort. Mais sa voix Lui était parvenue et L’avait à ce point ravi qu’Il lui offrait un place à Ses côtés, en souveraine de la création.

Mais Andrasté ne pouvait se résoudre à abandonner son peuple.

Elle supplia le Créateur de revenir parmi Ses enfants, de les sauver du cruel Empire tévintide. À contrecœur, le Créateur accepta de donner à l’homme une seconde chance.

Andrasté s’en retourna auprès de Maférath, son époux, et lui répéta tout ce que le Créateur lui avait révélé. Ensemble, ils rallièrent les Alamarri et marchèrent sur les seigneurs-mages de l’Empire, le Créateur à leurs côtés.

L’épée du Créateur était la création elle-même : feu et inondation, famine et tremblement de terre. Partout où ils allaient, Andrasté répandait la bonne parole du Créateur et les disciples d’Andrasté se faisaient de plus en plus nombreux, jusqu’à devenir une véritable marée qui se déversa sur l’Empire. Mais lorsque Maférath s’aperçut que toute l’attention était portée sur Andrasté, le serpent de la jalousie enserra son coeur.

Enfin, les armées d’Andrasté et de Maférath parvinrent aux portes de Minrathie, mais Andrasté n’était pas avec eux.

En effet, Maférath avait livré en secret Andrasté aux Tévintides ; en contrepartie, l’archonte lui donnait toutes les terres au sud de la Mer d’écume.

Ainsi donc, devant toutes les armées alamarri et tévintides, Andrasté fut attachée sur un bûcher et brûlée vive tandis que son époux ici-bas faisait détourner les yeux de son armée, car son cœur avait été dévoré. Mais en contemplant le bûcher, l’archonte fut pris de pitié pour Andrasté. Il dégaina son épée et lui offrit la miséricorde d’une mort rapide.

Le Créateur pleura la mort de Sa bien-aimée, maudit Maférath, maudit la trahison de l’humanité et se détourna à nouveau de Sa création en n’emmenant avec lui qu’Andrasté. Depuis lors, notre Dame siège à Ses côtés et l’exhorte inlassablement à avoir pitié de Ses enfants.

— Tiré des « Sermons de Justinia II ».

La Couronne de Cuivre