110 – Les elfes citadins

PJ elfe citadin

 

Pour les humains, Andrasté était une prophétesse. Pour nous, ce fut une inspiration. Sa rébellion contre Tévinter nous apparut comme une fenêtre sur l’extérieur, que nous tentâmes d’atteindre de toutes nos forces. La rébellion fut brève mais efficace ; même après la mort de la prophétesse, nous poursuivîmes la lutte face à un Empire humain sur le déclin. Finalement, nous remportâmes la liberté et la contrée au sud appelée Dalatie. Nous allions entreprendre une Longue marche pour atteindre notre nouveau foyer.

Parvenu à destination, notre peuple s’évertua à raviver au mieux notre savoir d’antan. Notre première cité reçut pour nom Halamshiral, « fin du voyage ». Une nouvelle nation fut fondée, isolée selon les coutumes des elfes et patrouillée cette fois par les Chevaliers d’émeraude, un ordre chargé de surveiller les frontières à l’affût d’incursions humaines.

Mais comme vous le savez déjà, la catastrophe survint : un petit groupe d’elfes attaqua le village humain d’Aunevermes à proximité. À cet acte de colère, la Chantrie riposta par une Marche exaltée et conquit la Dalatie, forte de sa supériorité numérique.

Nous ne connûmes pas un esclavage semblable au temps naguère, mais il nous était désormais interdit de vénérer nos propres dieux. Nous avions le droit de vivre parmi les humains en qualité de disciples du Créateur et citoyens de second rang. Une fois encore, les fragments de savoir que nous avions préservés durant des siècles tombaient dans l’oubli.

— « Grandeur et décadence de la Dalatie » selon la tradition orale de Sarethia, hahren du bascloître de Hautecime.

 

PJ elfe dalatien

 

Il est difficile de parler à nos enfants de ceux d’entre nous qui ont choisi de vivre dans les cités shemlens. « Pourquoi voudrait-on être traité ainsi ? » nous demandent-ils ; et parfois, je ne sais que répondre, car je ne peux moi-même le comprendre. Après avoir été libérés, ils sont retournés vivre au service de leurs anciens maîtres. Ils sont parqués comme des animaux chez les shemlens, dans un quartier muré. Ils effectuent les tâches les plus ingrates et n’obtiennent rien en retour. Pourquoi ? Je ne saurais dire.

Nous expliquons aux enfants que nous sommes un peuple fort et fier ; or voilà qu’ils découvrent ces elfes citadins, qui décident de subir le joug des humains. Comment leur enseigner la fierté s’ils savent que d’autres se laissent fouler aux pieds ? Nous leur disons donc qu’il convient de leur témoigner de la pitié, qu’ils ont abandonné leur peuple, leur héritage. Nous leur disons que certains sont à ce point habitués à être contrôlés que la liberté les désoriente. Ils sont faibles, ils n’osent affronter l’inconnu, vivre en nomades ; surtout, ils n’osent espérer jouir un jour de leur propre terre d’attache.

— Gisharel, Archiviste du clan dalatien Ralafeïrin.

 

PJ non elfe

 

Lorsque la sainte Marche exaltée sur la Dalatie provoqua la dissolution du royaume elfe, un grand nombre d’entre eux se retrouvèrent sans foyer. Divine Rénata I déclara alors que tous les pays loyaux envers la Chantrie devaient accorder asile aux elfes en leur sein ; déclaration qui, après les atrocités que les elfes avaient commises à Aunevermes, témoignait de l’extrême charité de la Chantrie. Une condition toutefois à cela : les elfes devaient abandonner leurs dieux païens et vivre sous la tutelle de la Chantrie.

Certains des elfes refusèrent notre bienveillance et se liguèrent pour former les elfes dalatiens, ces nomades qui vivent fidèles à leurs traditions et à leur haine des humains. À ce jour encore, les Dalatiens terrorisent ceux d’entre nous qui s’approchent trop de leurs camps. Toutefois, la plupart des elfes comprirent que le plus sage était de vivre sous la protection des humains.

Ainsi donc, les elfes furent accueillis en nos cités. Nous les invitâmes en nos maisons et leur donnâmes labeur, qui de domestique, qui d’ouvrier agricole. Ici, à Dénérim, les elfes possèdent même leur propre quartier, gouverné par un elfe. La plupart sont devenus des membres productifs de la société, mais il subsiste parmi la communauté elfe une minorité d’insatisfaits. Ceux-là nous jettent leur mécontentement au visage en troublant l’ordre public de toutes les façons qu’ils trouvent.

— Tiré de « Férelden : folklore et Histoire » de sœur Pétrine, érudite chantriste.

La Couronne de Cuivre