104 – Antiva

Dans le reste du monde civilisé, il est communément admis qu’Antiva n’a pas de roi. Or je puis vous assurer, aimables lecteurs, qu’il n’en est rien. La lignée royale d’Antiva est restée intacte depuis deux millénaires et demi… à ceci près que plus personne ne lui prête attention.

La nation est effectivement gouvernée par un conglomérat de princes marchands. Non des princes au sens littéral, mais des directeurs de banques, de grands comptoirs et de vignobles. Leur pouvoir, ils le doivent uniquement à leur fortune.

Toutefois, ce n’est pas le singulier gouvernement d’Antiva qui en fait le renom, ni même ses vins d’une qualité pourtant inégalée ; non, Antiva est connue avant tout pour sa Maison des Corbeaux. Les Antivans étant réputés aptes à tout sauf au combat, l’on peut trouver une certaine ironie à ce que la nation possède les assassins les plus terribles au monde. Leur notoriété est telle qu’Antiva ne s’encombre pas d’une armée : nul roi n’ose ordonner à ses troupes d’attaquer ses frontières, nul général n’est assez fou pour prendre la tête d’une telle invasion. L’attaque aurait toutes les chances de réussir, mais ses instigateurs passeraient promptement de vie à trépas.

— Extrait de « À la poursuite du savoir : pérégrinations d’un érudit chantriste » de frère Génitivi.

La Couronne de Cuivre